Dopamine Quand tu nous tiens
J’écoutais un podcast d’Andrew Huberman, un neurospécialiste surtout connu pour ses recherches sur la dopamine. Cet épisode portait sur les habitudes : comment installer et aussi désinstaller des habitudes, avec pour angle principal le système nerveux. Épisode très intéressant que je te partagerais volontiers, écris-moi et je te l’envoie.
Un passage en particulier m’a interpellée et je voudrais le développer ici avec toi. Je pense qu’on cherche tous des astuces, des hacks, des solutions rapides pour mettre en place un peu plus de paix tout en restant dans la productivité. Cette astuce qu’il partage dans cet épisode est d’une efficacité surprenante.
Notre rythme à tous, quelle que soit la vie que nous ayons choisie d’avoir, dans ce millénaire, fait l’effet d’une une course vertigineuse. La productivité bat son plein, et notre système nerveux est souvent malmené.
On sait tous qu’on a besoin d’installer de bonnes habitudes, de celles qui nous font apaiser notre tumulte intérieur. On sait aussi que chacun de nous a son niveau de résistance, cetains ont plus de mal que d’autres. Par contre, ce qui est identique chez tous les êtres humains, c’est que quand une activité nous garantit une décharge de dopamine rapide, notre cerveau nous y emmène tout de suite, il nous pousse à y aller et parfois tellement fort qu’on n’arrive pas à résister. Il préfère le facile, le cerveau, il ira toujours vers le facile.
La dopamine facile, ça va être le sucre, la cigarette, le scrolling sur les réseaux, le shopping, série tv, alcool, jeux vidéos…
Par contre, pour les activités et les tâches qui ne nous apportent pas vraiment de plaisir, le cerveau va résister et nous mettre des poids d’une tonne à chaque jambe.
Beaucoup d’entre nous ont de bonnes raisons pour faire les choses, et ces bonnes raisons sont la motivation, le “push” pour faire les tâches même si elles ne sont pas porteuses de plaisir. C’est précisément la raison pour laquelle on les fait qui nous apporte cette décharge de dopamine et d’autres hormones du plaisir, pas la tâche en elle même. Les bonnes raisons pour faire les courses, les tâches ménagères peuvent être un besoin de propreté, de faire de son alimentation son outil santé, ou l’envie de bien nourrir ses enfants. En général, les bonnes raisons sont celles qui font qu’on se sente gratifié, fier de réussir quelque chose, ou que ce soit quelque chose de reconnu positivement par la société.
Beaucoup d’entre nous n’ont pas, et peut-être seulement en ce moment, de bonnes raisons, ou en tout cas, ces raisons n’ont plus la même force, le même impacte. Même en essayant de se rappeler pourquoi on fait les choses, ça reste un électrocardiogramme plat à la perspective de faire cette tâche, aucune envie de s’y mettre.
En géneral, je pense que les adultes sont des enfants dans des corps de grands. Je le pense encore plus depuis que j’ai la responsabilité d’éduquer mon fils. Je vois les adultes comme des enfants avec peut-être plus d’expérience, mais les mêmes mécanismes opèrent chez les deux. La seule différence, c’est qu’un adulte va le cacher derrière un sérieux, une retenue, parce qu’il y a plus de conscience de l’impact de ses propres actions sur son environnement. Un enfant n’a pas encore de responsabilité et deconscience de son environnement, il va être un peu plus brut de décoffrage.
Ce que je trouve fascinant dans le fait d’élever un enfant, c’est que ça donne l’impression de s’élever soi-même. Rapidement, j’ai compris que si je voulais que mon fils, Bilal, adhère à mes invitations de changement de comportement, je ne devais pas faire, moi, l’inverse.
Écouter ce podcast m’a fait penser à Bilal, qui a 14 ans aujourd’hui. Lorsqu’il était plus jeune, il fallait installer les tâches “ingrates” comme le brossage de dents, aller au lit, se réveiller le matin pour aller à l’école…il y avait de la résistance, comme chez beaucoup d’enfants. La même résistance que tu as peut-être certains matins pour aller au travail, d’autres jours pour faire ta comptabilité ou ton linge, et encore d’autres pour aller au sport ou méditer… Sauf que toi, la plupart du temps, tu prends sur toi et tu le fais quand même, même si tu procrastines et le fais plus tard, tu finis par le faire, du moins les choses pour lesquelles il y a un enjeu important et imminent. Personne ne te pousse à y aller, tu es toi avec toi-même, dans le silence de ton chagrin et de ta lassitude intérieure du moment. Un enfant, lui, ne va simplement pas le faire, à moins qu’il soit rappelé, sommé, poussé à le faire.
Comme nous sommes de grands enfants, ce qui fonctionne avec les enfants fonctionne aussi avec les adultes. C’est ce que m’a confirmé Andrew Huberman dans ce podcast.
Il dit que pour installer une habitude, par exemple faire son sport le matin au réveil, ce qui peut augmenter d’une manière phénoménale les chances que le sport du matin devienne une habitude, quel que soit l’état physique et psychologique, c’est de disséquer toutes les étapes avant d’y arriver et de les visualiser mentalement avant, par exemple la veille. Son idée est la suivante : la veille au soir, avec les yeux fermés, tu visualises le moment de ton réveil, et toutes les étapes avant d’être en train de faire du sport. Imaginons les la séquence suivante : tu te visualises te lever, sortir du lit, t’étirer si c’est ton habitude, aller aux toilettes, boire de l’eau, faire ton lit ou ranger ton espace, mettre tes habits de sport, prendre tes clés et tout ce dont tu as besoin en étant précis (e), bouteille d’eau, carte d’abonnement, serviette… te diriger vers la porte, faire le chemin dans ta tête vers la salle de sport et pousser la porte du club de sport.
Le fait que tu visualises les étapes de la tâche avant la tâche, et ce pendant quelques jours, peut suffire à installer une plus grande probabilité que faire du sport devienne une habitude.
Tu dois te demander le parallèle avec un enfant.
Lorsque Bilal devait aller se brosser les dents avant de dîner, je lui redonnais la suite des événements : on met la table, on mange, on débarrasse la table et on va se laver les mains et se brosser les dents. Les jours où j’oubliais de le faire, il y avait plus de résistance. Lorsque je le faisais, je sentais qu’il était plus rassuré, moins pris par surprise, son cerveau semblait avoir été préparé à ce que ça allait avoir lieu et opposait beaucoup moins de résistance.
Il semblerait que pour nous, les adultes, ce soit aussi la même chose.
Tu dois sûrement te dire : tiens, intéressant à essayer 🙂
Si c’est le cas, je t’invite à le faire parce que ça marche vraiment. Il y a beaucoup moins de résistance, beaucoup plus d’entrain à faire la tâche, plus d’attention, moins d’erreurs et plus d’efficacité.
Je vais même pousser l’expérience avec des tâches qui ne sont pas des habitudes. Lorsqu’il y a une tâche que je dois faire, par exemple, dans quelques heures et que je sens que je n’ai pas envie de la faire, je vais prendre le temps de visualiser tout ce qu’il y aura avant de la faire au moment ou j’y pense, et voir si ça me donnera plus d’entrain !
J’espère que ça te donne envie d’essayer, on a tous besoin de soutien lorsque la vie, parfois, semble peser un peu lourd ! L’hiver arrive, l’énergie baisse naturellement. Peut être un truc à tester..S’armer d’une boîte à outils bien fournie est pour moi un gage de salut intérieur.

